sauvetage et refit crea

Caractéristiques

Crea est un voilier en bois de construction traditionnelle, conçu dans les années soixante pour la course au large. Initialement Bengali puis Creac, il s'appelle maintenant Crea mais pourrait retrouver son nom d'origine à sa mise à l'eau.
Bengali a été construit entre 1962 et 1963 au chantier Rameau à Étel - Morbihan. Les plans, très légèrement modifiés pour se prêter à une construction en bois moulé, donnèrent naissance à Thétis III et Facel IV, qui furent construits au chantier Nautic-Saintonge, à Saujon. Ce sont ces plans qui sont reproduits ici.
Thétis III est un bateau en bois moulé, donc plus léger. Crea aurait un déplacement plus proche des 9 tonnes.

Crea (ex Bengali)
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  • Longueur totale : 11.50 m 
  • Longueur en flottaison : 8.40 m 
  • Bau maximum : 2.96 m 
  • Bau en flottaison : 2.76m 
  • Tirant d'eau : 1.70
  • Volume de carène : 5 750 dm3 
  • Déplacement : env. 6.6 t (Crea env. 9 t)
  • Lest plomb : 2 650 kg 
  • Voilure cotre (jauge) : 57.50 m2
  • Type de voilure : Cotre Marconi

Matériaux Crea
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  • Matériaux du bordé, des hiloires et des aménagements intérieurs : sipo et acajou
  • Membrures ployées en acacia 
  • Structure longitudinale en iroko
  • Mât en pin d'Orégon
  • Pont en contreplaqué et teck


Plan de forme de Thétis III



Je laisserai la description du bateau à son architecte, François Sergent, qui a publié cet article en 1963 dans la revue maritime Chasse Marée.


Bengali et Thétis III

La conception d'un racer pour les courses au large, destiné à un club ou à un groupement, pose un problème un peu particulier. Un tel bateau servira à peu près uniquement à l'entraînement d'équipages d'amateurs et à la régate en haute mer, sans aucune idée de croisière pure, grande ou petite, et il devra avant tout être un véritable racer, où l'on n'aura pas pris le risque de sacrifier un facteur de vitesse au profit d'un accroissement du confort au mouillage, ou des commodités de la navigation près de terre. En un mot, tout devra y être étudié en fonction de la compétition, mais en tenant compte cependant de la façon particulière dont il sera armé et conduit par ses propriétaires multiples. 

C'est en pensant à ces données un peu spéciales que j'ai conçu cet avant-projet, pour lequel je vais essayer d'expliquer les raisons qui m'ont poussé à choisir telle ou telle solution. La taille a été déterminée par le fait qu'il devait être un petit classe II pour six équipiers. Des élancements raisonnables, assurant un bon passage dans la mer, ont porté la longueur totale à 11,50 m. Le tableau inversé n'est pas fait pour sacrifier à la mode, mais parce qu'à longueur de voûte utile déterminée, il permet de gagner du poids et du fardage.

J'ai choisi un déplacement moyen. Je pense en effet qu'un bateau, dont la construction devra être extrêmement robuste, non seulement pour résister aux efforts imposés par la course mais aussi pour lui assurer la longévité nécessaire à son amortissement — sans pour cela entraîner une construction très délicate, hors de la portée de bien des chantiers et forcément onéreuse —, ne peut s'accommoder d'un déplacement ultra léger tout en gardant un pourcentage de lest élevé.

Le tirant d'eau est évidemment au maximum et, pour les besoins de l'échouage, inévitable à un moment ou à un autre en Manche, j'ai gardé une certaine portion de quille droite.

Du fait de son déplacement, de ses formes et de son plan de dérive, qui n'est pas raccourci à l'extrême, ce bateau ne présentera pas de difficultés particulières dans sa conduite aux différentes allures. C'est à mon avis un avantage pour des équipages appelés à changer souvent et qui n'auront pas de peine à reprendre le bateau en main. C'est également un atout pour des courses longues, où la fatigue diminue parfois les facultés d'attention.

Le gréement de cotre que j'ai souvent utilisé, garde ma faveur pour son haut rendement et sa souplesse d'utilisation qui compense largement la nécessité d'un réglage précis. 

L'aménagement prévu s'est révélé très bien adapté aux besoins de la course sur d'autres unités de ma conception. La table permet de déployer une carte entière et le pupitre, en dessous, de les ranger sans les plier ; le long rayonnage met tous les documents et instruments, y compris la radio,à portée de la main. La cuisine est en face, dans un endroit relativement stable et pas trop éloigné de l'aération de la descente. La largeur de plancher permettra à deux hommes de se tenir, en même temps, l'un à la cuisine et l'autre à la table à cartes. Un équipage qui mange chaud et se repose bien, un navigateur qui travaille à l'aise sont d'une importance primordiale pour la réussite d'une course de haute mer. 

Quatre couchettes fixes seront toujours utilisables en laissant encore une banquette libre et tout l'avant pour les voiles (certaines voiles très légères : spi, ghoster pourront être rangées dans la voûte). J'ai ajouté la possibilité d'une septième couchette, en plus des six prévues car, pour des épreuves de longue haleine comme le Fasnet par exemple, un skipper-navigateur hors quart est un gros appoint en plus des deux bordées de trois. L'aération sera assurée par des hublots ouvrants et des boîtes à air étanches.

Les parages où le bateau naviguera habituellement, l'obligation de rentrer à l'heure après un week-end de course, ou de se rendre à date fixe au départ d'une épreuve poussent à avoir un moteur : le BD2 Couach conviendrait. Un canot rigide trouverait sa place sous la trinquette.

J'ajouterai enfin que ce bateau sera joli sur l'eau et flatteur pour son équipage en n'importe quelle compagnie, sans que ses qualités ni son rating en souffrent, ce qui, après tout, n'est pas à dédaigner.


F. Sergent


Suite à sa construction, Bengali à navigué en course en Europe. Voici son palmarès incomplet dans les courses du RORC de 1965 à 1969 :

  • Saison 1965 : 
    • Falmouth - Douarnenez :                      2e en classe II
    • Morgat 40 milles :                               1er toutes classes
  • Saison 1966 :
    • Brest - Helford River :                         1er toutes classes
    • Cherbourg - Eddystone - Solent :          3e classe II
    • Cowes - Dinard :                                 6e classe II
    • Leiquetio - La Trinité :                        6e classe II 
    • Classement général français au RORC :  5e en classe II
  • Saison 1967 :
    • Falmouth - Douarnenez :                      3e en classe II
    • Plymouth - La Rochelle :                     1er en classe II b
    • La Rochelle - Benodet:                        1er en classe II b
    • (3e au classement général pour les deux courses)
  • Saison 1968 :
    • Cherbourg - Eddystone
  • Peut-être une suite au XXIième siècle...